J’ai découvert le tirage platine-palladium au début des années 1990 avec le dernier papier tout prêt fabriqué par The Palladio Company, Inc que j’avais commandé aux États-Unis. Juste le temps d’y prendre goût et lorsque j’ai voulu utiliser ce procédé pour effectuer les tirages de la série « Histoires de pierre » la fabrication avait cessé. Les grandes compagnies comme Kodak ou Ilford avaient déjà arrêté toute fabrication entre les deux guerres mondiales. Il a donc fallu apprendre à préparer soi-même l’émulsion, trouver les produits chimiques et tester les papiers actuellement chimiquement compatibles avec le procédé. La chose était d’autant plus difficile qu’à ce moment-là l’usage d’internet n’était en rien comparable à ce qu’il est de nos jours. Le procédé n’est cependant pas récent puisqu’il a été mis au point par William Willis, fils d’un célèbre graveur anglais qui déposa successivement trois brevets : patents anglaises du 5 juin 1873, du 20 août 1878 et du 15 août 1880.
Les sels de platine et de palladium utilisés sont très peu sensibles à la lumière, il est donc nécessaire d’utiliser un réactif chimique plus photosensible. L’oxalate ferrique est le plus souvent utilisé. Exposé à la lumière UV, le sel de fer est réduit et produit une image faiblement visible formée d’oxalate ferreux qui a la propriété de décomposer les sels de platine/palladium, formant un précipité noir métallique dès la mise en contact d’un révélateur, l’oxalate de potassium, par exemple. La lumière n’agit donc pas directement sur les sels métalliques. Le développement transforme l’image formée en une image au platine/palladium. Ce tirage est un objet entièrement fait à la main, de la fabrication de l’émulsion à son couchage au pinceau sur un très beau papier le plus souvent de fabrication artisanale.