Constellation 150,

Avec sa série Relever la nuit, l’artiste interroge le rayonnement lumineux, au fondement de la photographie, ainsi que l’impact de nos modes de vies contemporains sur les écosystèmes. Les nuits sans lune, elle expose des papiers photosensibles dans différents lieux du canton de Genève pendant une durée identique. En ressortent des monochromes de différentes nuances de gris, créées par les émanations des lumières artificielles en périphérie des villes et des villages.

En Suisse, il n’est plus possible d’observer l’obscurité nocturne naturelle. Léonie Rose Marion se questionne sur la disparition de la nuit et sur l’image photographique qui ne peut exister sans lumière. Dans ce projet, elle conjugue le rôle de la photographie comme auxiliaire de la science et les notions de preuve et d’empreinte usuellement associée à la photographie.

Parallèlement aux photogrammes, elle documente la disparition de la nuit par différents registres photographiques. Les natures mortes d’insectes évoquent la mortalité causée par l’éclairage artificiel. Une étude réalisée en Allemagne estime à 150 le nombre d’insectes tués par lampadaire, chaque nuit d’été. Pour réaliser ces photographies, l’artiste a uniquement utilisé de l’éclairage à longueurs d’ondes courtes (bleu et UV), qui sont les plus impactantes pour la biodiversité. Tout comme pour les insectes, certaines longueurs d’ondes peuvent également altérer la croissance des plantes.

L’obscurité n’existe plus, masquée par une lumière omniprésente. Plus le papier noircit, plus la lumière est présente. C’est par la clarté de l’image que la nuit se révèle, ambivalence de l’inversion du procédé photographique. La lumière, condition première de la photographie, devient sujet tout comme moyen de réflexion.

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